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«Ensemble, mobilisons-nous pour contribuer à la réalisation des nouveaux objectifs mondiaux à travers l’élimination des mutilations génitales féminines d’ici 2030». C’est le thème de la Journée tolérance zéro excision que le Sénégal a célébrée ce samedi à l’instar de la communauté internationale. A Thiès, elle a eu pour cadre Keur Simbara, village situé dans la commune de Fandène, sous la direction du ministère de la Femme, de la famille et de l’enfance, le Comité technique national pour l’abandon de l’excision, en partenariat avec le programme conjoint Unfpa-Unicef et l’Ong Tostan.

Face aux mutilations génitales féminines, le gouverneur adjoint, Mbassa Sène, réaffirme son engagement pour la «tolérance zéro excision». L’autorité administrative qui a fait savoir que cette pratique n’est pas une obligation religieuse chez la femme a dénoncé, devant la mobilisation sociale composée des communautés bambara, manding, pu­laar, soninké et diola, présentes à la cérémonie célébrant la Jour­née internationale tolérance zéro excision, à Keur Simbara, que la pratique de l’excision est «une violation des droits des femmes, une violation de leur intégrité physique». Soutenant que les femmes qui la subissent sont psychologiquement atteintes durant toute leur vie, l’adjoint au gouverneur, chargé des affaires administratives, de demander l’implication de tous les acteurs pour accompagner le processus d’abandon de l’excision malgré, dira Mbassa Sène, «la persistance de cette pratique dans quel­ques poches, des zones rurales notamment». 
Andrea Wojnar Diagne estime pour sa part que «même s’il y a des poches de résistance qui subsistent encore, de profonds changements de comportements sont en train d’être opérés par les populations en ce qui concerne l’excision». Et la représentante de l’Unfpa au Sé­négal d’en déduire : «On va vers l’abandon progressif de cette pratique.» Sous le thème «Ensemble, mobilisons-nous pour contribuer à la réalisation des nouveaux objectifs mondiaux, à travers l’élimination des mutilations génitales féminines d’ici à 2030», la journée a été l’occasion pour les communautés impliquées de partager leurs expériences et les progrès obtenus, mais aussi les défis rencontrés dans le mouvement national pour l’abandon de l’excision au Sénégal à travers un panel organisé dans la matinée à Thiès. 
Sous la direction du ministère de la Femme, de la famille et de l’enfance, le Comité technique national pour l’abandon de l’excision, en partenariat avec le programme conjoint Unfpa-Unicef et l’Ong Tostan, a été célébrée la journée, à Keur Simbara, un village du département de Thiès, pionnier dans le mouvement d’abandon de l’excision au Sénégal. Là, l’imam Demba Diawara d’affirmer «avoir parcouru 347 villages afin de sensibiliser ses parents Bambara pour l’abandon de l’excision». Actions pour lesquelles M. Diawara s’est vu, à l’occasion de la journée, décer­ner par le mouvement des jeunes venus de la région de Kolda une distinction.
Selon un nouveau rapport des Nations unies publié à l’approche de la Journée internationale de la tolérance zéro sur les mutilations génitales féminines, «200 millions de filles et de femmes en vie au­jourd’hui ont subi des mutilations génitales dans 30 pays. Cette pratique touche près de 140 mil­lions de filles et de femmes dans le monde et plus de 3 millions de filles y sont exposées chaque an­née». Au Sénégal, l’Enquête démographique et de santé (Eds-Mics) 2014 indique que «la prévalence de l’excision est de 25% chez les femmes âgées de 15 à 49 ans avec une grande disparité au niveau des régions du Sud, Sud-est (69%), du Nord (30%), de l’Ouest (17%) et du Centre (6%)». Ainsi, le Sénégal «espère-t-il, à travers le Plan d’action national pour l’accélération de l’abandon de l’excision et la synergie des acteurs, arriver à un abandon total de la pratique en 2017».
Pour rappel, c’est le 6 février 2003 que Stelle Obasanjo, ex-Première dame du Nigeria et porte-parole de la campagne contre les mutilations génitales féminines, fit la déclaration officielle sur la «tolérance zéro aux mutilations génitales féminines» lors d’une conférence organisée par le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants en Afrique.
nfniang@lequotidien.sn