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Le Sénégal dispose désormais d’un document de référence qui servira de cadre d’orientation pour la définition des politiques et programmes permettant de profiter des opportunités du dividende démographique. Le rapport de l’étude nationale sur cette problématique a été discuté et validé, hier, au cours d’un atelier présidé par le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan.

Le Sénégal se trouve à un moment charnière de sa transition démographique marquée par une baisse de la fécondité et une poursuite de la baisse de la mortalité. Ce qui entraîne, d’une part, un processus de ralentissement de la croissance démographique et, d’autre part, une augmentation plus rapide de la population en âge de travailler par rapport à la population à charge. Cette situation offre des conditions favorables pour la capture du dividende démographique. Le Sénégal compte ainsi mettre tout en œuvre pour en profiter au maximum afin d’accélérer sa croissance économique comme l’ont déjà fait des pays de l’Asie du Sud-est, à l’image de la Malaisie, de la Corée et de la Thaïlande. C’est dans cette optique qu’il vient de se doter d’un document de référence qui servira de cadre d’orientation lors de la définition et de la mise en œuvre de politiques et programmes prioritaires prenant en compte le capital humain. Le rapport de l’étude nationale qui a été consacré au dividende démographique au Sénégal a été discuté et validé, hier, au cours d’un atelier de partage avec les différentes parties prenantes. Réalisée par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), cette étude, menée dans le cadre d’un processus participatif, « analyse les perspectives et opportunités et identifie les défis et les options d’investissement et de politique à mettre en œuvre afin de permettre la capture du dividende démographique », a souligné Pierre Ndiaye, directeur général du Plan et des Politiques économiques.

Politiques publiques appropriées

L’étude montre que la dynamique démographique et les opportunités économiques émergentes du Sénégal peuvent être transformées en un appréciable dividende démographique à l’horizon 2053. Seulement, celui-ci n’étant ni automatique, encore moins garanti, il est recommandé au Sénégal de mener des politiques hardies et de manière simultanées dans les secteurs économiques et sociaux en investissant davantage, notamment dans le capital humain, la santé, l’éducation, la protection sociale et la création d’emplois.

Pour Andrea Wojnar Diagne, représentante-résidente de l’Unfpa au Sénégal, c’est à ce prix que notre pays pourra profiter du bonus du dividende démographique. « Le Sénégal ne pourra s’engager sur la voie de l’émergence que lorsque les jeunes seront en bonne santé, instruits, bien formés et équipés pour saisir les opportunités du développement. Créer ces conditions est une nécessité sociale, économique et politique », a-t-elle insisté. La stratégie à adopter pour bénéficier de ce bonus démographique appelle, selon Mme Diagne, une approche multisectorielle et une coordination au plus haut niveau, pour plus d’efficacité.

Sur la base du rapport 2014 de l’Unfpa sur l’état de la population mondiale, elle a expliqué que l’Afrique subsaharienne en général a le potentiel pour capturer un dividende de 500 milliards de dollars par an pendant 30 ans si elle met en œuvre des politiques publiques appropriées et des investissements avant et pendant la transition démographique. Mais le temps presse puisque, a ajouté Mme Diagne, « la fenêtre d’opportunités pour exploiter le dividende démographique est limitée dans le temps et exige des investissements immédiats ».

Les autorités sénégalaises semblent en avoir compris les enjeux pour tirer profit du dividende démographique, si l’on se fie aux investissements stratégiques consentis à cet effet. Sans oublier les orientations stratégiques déclinées dans le Pse comme la promotion d’un capital humain de qualité, le repositionnement de la planification familiale, la promotion de l’emploi des jeunes, le programme d’appui au développement de l’entreprenariat féminin, le programme intégré de développement économique et social, etc. Pour le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, « le Sénégal a très tôt compris que la population est au début et à la fin de tout processus de développement ». Selon lui, le document d’orientation nationale sur la capture du dividende démographique qui vient d’être validé s’adosse aux axes prioritaires du Pse et aura « l’avantage de mieux mettre en exergue les synergies d’actions des différents secteurs dans l’optique d’une meilleure intégration du dividende démographique dans les projets et programmes sectoriels de développement ».

Elhadji Ibrahima THIAM

Le soleil