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Vivant dans une société conservatrice les femmes de Dahra ont su prendre leur destin en main. Elles jouissent de tous leurs droits liés à la santé sexuelle concernant la planification familiale. N’ayant pas remporté le combat contre les mariages d’enfants, elles font recours à la planification familiale pour retarder une grossesse préjudiciable à leurs petites filles.

Le centre de santé de Dahra offre toutes les méthodes de planification familiale. Les injectables arrivent en tête des plus utilisées suivies de la pilule. Selon Fatim Camara Fall, sage-femme, la demande augmente et « en mars 2016 nous avons noté une croissance du nombre de patientes ». Elle explique que, ces résultats sont le fruit des  stratégies avancées organisées par le centre, tous les semestres et la gratuité du service.

En effet, les émissions à la radio, Dahra Fm, les mercredis à partir de 20H ont permis de toucher un nombre important de femmes. « A travers les mercredis de la santé, les femmes ont compris le lien entre  suivi de la grossesse, accouchement sans danger et espacement des naissances » renseigne Madame Fall. Il s’y ajoute que le système Informed Push Model (acheminement des médicaments du niveau central vers la périphérie)  permet  la disponibilité des médicaments, ce qui fait que le centre ne connait plus de ruptures.

Par ailleurs, le consentement du mari, l’avis de la belle-mère, ne sont plus des attitudes culturelles qui freinent la planification familiale (PF) dans cette contrée. La sage-femme souligne « qu’au début il fallait l’aval du mari, aujourd’hui les femmes n’attendent plus cette autorisation; elles décident par et pour elles d’espacer les naissances ».

 La prise en main de la planification familiale par les femmes est devenue une réalité. « Des filles, âgées de 18 ans, mariées, viennent pour la PF, car, elles passent pour la plupart le baccalauréat, il est même arrivé qu’une maman me présente sa fille de 14 ans» confie Fatim Camara Fall.

Au Sénégal, 33% des filles sont mariées avant 18 ans et Dahra fait partie des zones ou le phénomène est très accentué. En atteste, les filles âgées  de 12 à 13 ans  reçues pour une consultation prénatale (CPN).

 Selon la sage-femme, l’équipement d’un bloc Soins Obstétricaux d’Urgence (SOU) par l’UNFPA  a sauvé beaucoup de vies. Elle renseigne que ces adolescentes ayant le bassin immature, ne sont plus obligées de risquer leur vie pour rallier la référence la plus proche (Louga), par une route longue de 85 kilomètres, presque impraticable.

D’après Madame Fall, à la suite de l’accouchement, « ces jeunes filles de 12 à 13 ans reviennent pour la plupart, accompagnées de leurs mères, pour une méthode contraceptive ».

A Dahra, les femmes sont conscientes du risque de grossesse rapprochée ou précoce. En juillet et aout, 439 femmes ont bénéficié d’une méthode contraceptive. Le centre de santé   est une ancienne zone opérationnelle dépendant du district de Linguère, l’un des trois départements de la région de Louga. Il couvre une superficie de 6980 km2, avec une population estimée, en 2017, à 147.299 habitants. Le centre de santé souffre d’un déficit de personnel, sages-femmes et infirmiers, relève  Fatim Camara Fall.