Les mutilations génitales féminines (MGF) couvrent l'ensemble des interventions consistant à altérer ou léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales et sont une violation des droits humains des femmes et des filles, notamment celui à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, ainsi que le droit à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles.
Les filles ayant subi des MGF font face à des complications à court terme, telles que des douleurs intenses, des saignements excessifs, des infections… et autres conséquences à plus long terme pour leur santé sexuelle et reproductive et leur santé mentale.
En raison de la pandémie de COVID-19, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment en ce qui concerne l’élimination des mutilations génitales féminines d’ici à 2030, sera compromise et deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines devront être évités, estime le programme conjoint UNFPA/UNICEF.
Au Sénégal grâce à ce programme conjoint pour l’abandon de l’excision et des mariages d’enfants en collaboration avec les autorités locales et l’ONG Tostan, 6849 communautés ont déjà abandonné cette pratique depuis 1997 année de démarrage des déclarations d’abandon avec Tostan.
Mercredi 22 Décembre 2021 a été une journée privilégiée pour les enfants d’Agnam Goly à Matam marquant la déclaration officielle d’abandon de l’excision et du mariage des enfants sous le leadership de l’UNFPA, UNICEF avec l’appui de Tostan.
Un moment fort qui restera gravé dans la mémoire collective des populations d’Agnam Goly.
Cette cérémonie vient conforter l’un des trois résultats transformateurs de l’UNFPA, notamment « Zéro violence basée sur le Genre », y compris la Mutilation Génitale Féminine et le mariage précoce.
La déclaration d’abandon de Agnam Goly concerne 60 communautés de cette localité et vient renforcer les avancées vers l’abandon de cette pratique au Sénégal.
Cependant, les défis persistent et malgré la mobilisation communautaire, les efforts et les ressources considérables déployés, les mariages d’enfants et l’excision perdurent en cachette et parfois dès le berceau, perpétrant une violente atteinte aux droits des filles.
A la lecture des résultats de l’EDS (Enquêtes Démographiques et de Santé) 2019 on constate une augmentation du taux de prévalence de l’excision chez les femmes de 15-49 ans passant de 24 % en 2017 à 23 % en 2018 pour atteindre 25,2% en 2019. Avec la crise sanitaire, certaines filles ont été encore plus exposées à la pratique de l’excision.
Cette tendance haussière doit donc absolument être inversée pour accélérer les progrès vers l’éradication de l’excision.
C’est pour cela que UNFPA à travers le programme conjoint lance un appel solennel pour :
• une grande implication pour l’abandon de la pratique par des religieux dans le cadre de prêches
• un engagement accru des médias avec plus de programmes sur le sujet dans les télévisions et les radios communautaires sur ces pratiques
• une intégration dans les programmes sectoriels (santé, justice, femme, éducation, jeunesse, écoles de formation des sages-femmes etc.,) ;
• l’allocation de ressources humaines et financières conséquentes aux services publics en charge de l’adoption de pratiques protectrices des filles et des femmes contre l’excision et toutes les autres formes de violences
• une coordination renforcée au niveau national, régional et départemental
• un renforcement de la dynamique engagée au niveau des élus locaux et du parlement par le renforcement de leurs capacités
A Agnam Goly, ces 60 communautés viennent marquer leur engagement solennel à préserver les filles de l’excision et des mariages d’enfants pour leur permettre de développer et de jouir de tout leur potentiel humain.
Le programme conjoint se satisfait des engagements du Gouvernement du Sénégal par la voix de la Direction de la Famille et de la Protection des Groupes Vulnérables qui a réaffirmé à cette occasion son engagement pour un renforcement du plaidoyer en faveur de l’abandon de l’excision, une intégration dans les programmes sectoriels.
L’urgence à présent est de mettre en place des mécanismes de suivi post déclaration en s’assurant du soutien des autorités locales et religieuses de la Région de Matam et des mécanismes institutionnels étatiques de protection de l’enfance.
UNFPA continue sa croisade pour que la génération actuelle de filles, soit une génération intacte et en bonne santé, pour un monde meilleur et plus sain pour tous.