19h! Nous franchissons l’entrée principale du Centre Départemental d’Education Sportive et Populaire (CDEPS) de Louga. Nous croisons d’abord, des jeunes qui sortent suite à une séance d’entrainement de basket ball et trouvons dans une grande salle d’autres qui s’adonnent aux arts martiaux. Rien n’indique un endroit où peuvent se rencontrer des jeunes pour parler de la sexualité ou bénéficier de services de santé de la reproduction. Le Centre Conseil Adolescent (CCA) se trouve au fonds de la structure.
Mouhamadou Makhtar Ndao, coordonnateur du CCA explique que c’était l’effet recherché par les autorités. En effet, une étude du ministère de la jeunesse avait fait ressortir la crainte des jeunes de fréquenter les structures de santé de peur d’être mal vus.
Pour répondre à leurs besoins, un espace dénommé Centre Conseil Ado a été créé dans ces structures où se pratiquent sport et théâtre. Ce qui fait la discrétion du lieu et permet aux jeunes de le fréquenter en toute quiétude.
Toutefois le pari n’est pas encore gagné. Selon M. Ndao certains parents informés du lieu et de ses activités croient que le CCA encourage les relations sexuelles. C‘est pourquoi, il a organisé en cette année deux rencontres parents adolescents, qui ont permis aux adultes de comprendre que la structure n’encourage pas les rapports sexuels mais, les protège.
Une sage-femme fait de la vacation trois fois par semaine ce qui permet aux jeunes de bénéficier de conseils et de produits contraceptifs mis à disposition par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Un laborantin, procède sur place aux dépistages au VIH, et certains examens, suite aux consultations prénatales. D’ailleurs pour le premier semestre 2017, 780 personnes ont bénéficié du dépistage du VIH.
Le centre conseil adolescent de Louga accueille une trentaine de jeunes par semaine, pour la plupart des élèves. 50 pairs éducateurs, choisis parmi les associations de jeunes travaillent bénévolement à aider leurs camarades à éviter les grossesses non désirées et à se faire dépister du VIH. D’après Ibrahima Ndiaye Sow, pair éducateur, « les jeunes sont plus à l’aise avec un corps médical qui ne les juge pas ou entre eux, c’est comme une bande d’amis, on parle beaucoup plus librement et parfois quelques expressions suffisent ». Ce qui permet de compenser, de l’avis du coordonnateur du CCA, l’absence de discussions parentales.
Le CCA polarise les trois départements de la région de Louga. Pour atteindre le maximum de jeunes, les pairs éducateurs effectuent des visites à domicile et des mobilisations sociales. Et parfois la réalité du terrain peut surprendre. Assane War, pair éducateur, depuis cinq ans, est marqué par une image ; il a rencontré « une fille de 16 ans mère de deux enfants et qui paraissait déjà plus agée ». Ce, « qui m’a secoué tellement, je n’en revenais pas ! » confie-t-il la mine triste. Un épisode douloureux qui a renforcé sa volonté de continuer à se battre contre les mariages d’enfants et les grossesses non désirées.
Le seul véhicule dont dispose le CCA a été offert par l’UNFPA en 2002. Complétement amorti, il tombe très souvent en panne. Ce qui plombe certaines de leurs activités. Mouhamadou Makhtar Ndao, coordonnateur du CCA plaide auprès du Ministère de la jeunesse et de l’UNFPA, pour des financements beaucoup plus accrus, une augmentation en médicaments et la dotation d’un véhicule neuf, « pour permettre de toucher le maximum de jeunes à Louga ».