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La pratique de l’excision s’installe de plus en plus à Dakar. Les résultats d’une étude d’impact des déclarations d’abandon de l’excision au Sénégal révèlent que la pratique a subi une hausse de 8,0% en 2015 dans la capitale sénégalaise. Une pratique effectuée sur des filles âgées de 0 à 14 ans. D’où l’exode du phénomène des zones rurales vers les centres urbains.

Au Sénégal, le phénomène de l’excision semble emprunter le chemin de l’exode rural. Une étude d’impact des déclarations d’abandon de la pratique au Sénégal révèle que l’excision a subi une hausse de 8,0% à Dakar en 2015 notamment chez des filles âgées de 0 à 14 ans. Un état de fait qui a surpris plus d’un du moment que le Groupe d’Etude de Recherche et d’Appui au Développement (GERAD) affirme, dans son étude, que l’urbanisation galopante constatée au niveau des nids de l’excision explique le recul constaté au niveau national.

Certains pratiquants se sont ainsi joués des acteurs engagés dans la lutte contre l’excision qui jusque-là, n’ont concentré l’essentiel de leurs forces que dans les zones périphériques ou frontalières, en allant s’installer dans des zones insoupçonnées. La directrice du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, l’a d’ailleurs reconnu.

Mme Coumba Thiam Ngom explique que « dans les premières approches, on n’a pas pris en compte Dakar parce qu’on pensait que c’est la capitale où ce phénomène n’allait pas se produire ». A son avis, cette percée du phénomène à Dakar peut se justifier du fait que les populations pratiquantes rejoignent la capitale et y pratiquent l’excision en cachette.

A cela Mme Ngom y ajoute l’émergence des phénomènes nouveaux comme celui des « mères exciseuses » qui l’appliquent sur l’enfant au berceau. S’y greffent le phénomène de la « médicalisation » de la pratique avec la population qui considère tout individu portant une blouse blanche comme appartement au personnel médical.

De la résistance nourrie par le poids de la tradition, les croyances religieuses, les raisons sociétales et initiatiques

« Au Sénégal, le nombre de filles impacté est à la baisse », s’est exclamée Représentant Résident de l’UNFPA au Sénégal. Mme Andréa Wojnar Diagne qui s’est réjoui des bon résultats du Sénégal avance que « jusqu’en décembre 2015, 6176 communautés dans le pays ont déclaré avoir abandonné la pratique de l’excision ».

A cela, le Conseiller technique N°1 du Ministère de la Femme du Sénégal brandit l’enquête démographique de santé continue qui parle d’un taux de prévalence de 25% pour les femmes âgées de 15 à 49 ans et 13% pour les filles de moins de 13 ans au lieu des 28% d’avant. Ce qui montre que les communautés abandonnent mais il y a toujours des poches de résistance.

La représentante du ministre de rappeler, par ailleurs, que malgré cette embellie en Afrique, l’excision est encore en cours car pratiquée dans près de 28 pays africains et affecte, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), entre 100 et 140 millions de femmes et de jeunes filles qui ont subi ce phénomène. Ce qui, selon elle, explique le fait que la prévalence est variable d’un pays à un autre et plus particulièrement d’une ethnie à une autre.

Dans son analyse des résultats, le GERAD pointe du doigt les contraintes socioculturelles notées dans les zones de résistance. Sur ce plan, l’équipe de recherche parle du poids de la tradition notamment dans les départements de Bignona, Kolda, Tambacounda, Ziguinchor et Kanel. Alors qu’au niveau de la région de Matam, notamment dans les départements de Kanel et de Matam, souligne le GERAD, la religion est très présente parmi les principales raisons avancées.

L’étude révèle également que l’excision subsiste au niveau des régions frontalières parce que certains pays qui entourent le Sénégal n’ont pas de loi interdisant la pratique. A en croire la directrice de la femme, « certaines populations se rendent dans ces pays limitrophes rien que pour exciser leurs filles et revenir ». Une approche sur laquelle se focalisent acteurs engagés dans la lutte contre ce phénomène pour voir comment développer une stratégie transfrontalière.

En dépit de ces quelques taches noires, la communauté des acteurs contre les Mutilations Génitales Féminines (MGF), s’est félicitée de l’impact de la déclaration d’abandon. C’est dans cette dynamique que le GERAD recommande, entre autres, d’aller vers des projets de territorialisation économiques aux dimensions émancipatrices en accompagnant des programmes d’éducation.

Sur ce point, Mme Andréa Wojnar Diagne de l’UNFPA loue le programme communautaire de renforcement de capacité de l’Ong TOSTAN d’une durée de trois ans. « Lorsque les femmes bénéficient d’une éducation, lorsqu’elles ont une compréhension claire de leurs droits et de leurs devoirs, lorsqu’on leur donne la capacité d’entreprendre, elles ont le courage de se dresser et de dire non à toute pratique qui a un effet néfaste sur leur santé et celle de leurs enfants ».

Cette étude est perçu par les différentes prenante comme un outil devant leur permettra d’évaluer leur lutte et voir ce qui reste à faire, comment s’y prendre et avec quel moyen.

 

AllAfrica Global Media